De Cadix à Porto Santo

Samedi 17 octobre, the “Black day”

Michel nous prêta une voiture et le lendemain nous  fîmes la connaissance de sa femme Viky et les accompagnèrent à Barbate où nous déjeunâmes dans le meilleur restaurant de thon d'Espagne, voire du monde d'après certains bruits......un régal, dont s'inspirera notre cuisinière en chef! Puis nous visitâmes le magnifique village blanc de Vejer et le phare de Trafalgar. La seule note discordante de la journée, fût le naufrage de nos bleus face à la déferlante All Black, une déception, même si nous ne nous fassions pas trop d'illusions!

Lundi 19 au matin, un mécanicien Volvo est passé réparer notre pompe à eau de mer et ce fût avec soulagement que les 2 “Shadoks” (êtres primaires dotés d'un seul neurone dont l'activité principale est de pomper)  du bord constatèrent qu'elle pouvait tourner sans laisser perler la moindre goutte d'eau, un miracle!

Après 4 jours pluvieux, nous quittâmes Cadiz, Michel et son accueil généreux,pour mettre le cap sur Madère, notre première traversée océanique de 580 NM, soit un peu plus de 1000 km. Peu à peu nous prenons le rythme imposé par la vie à bord, les manoeuvres s'enchaînent et s'améliorent au fil des jours, ainsi que les menus agrémentés des 3 bonites que nous pêcherons. L'une sera cuisinée d'après 1 recette découverte par Isa dans le livre que mon Tom  m'a offert avant le départ.

Après un départ plutôt lent, 116 NM parcourus en 36 h, le vent forcit la soirée du vendredi 23 et nous passâmes une nuit bien agittée par des rafales à 28 nds, une houle forte et une voilure réduite avec 2 ris et sous trinquette. Ce qui n'empêcha pas Aotearoa d'évoluer entre 7,5 et 8 nds  en permanence et de nous secouer pas mal sur nos couchettes. La suite de la traversée fût une alternance de belles journées ventées avec de la houle et de belles moyennes et des nuits sous voilure réduite car le vent avait tendance à forcir après le coucher du soleil. Nous avons tous les 3 été agréablement surpris par la stabilité du bateau dans les conditions agittées qui nous ont souvent accompagnées et sa capacité à bien avancer,même dans les moments où le vent faiblissait. Décidément, les RM sont de bons bateaux...

Au chapitre des petits ennuis, une latte de la grand voile eut la fâcheuse tendance à vouloir s'échapper à plusieurs reprises et le guindant du génois s'est un peu déchiré, soit peu de soucis matériel, par contre dès la 1ère nuit les instruments électroniques affichèrent un décallage de 20° avec le compas magnétique.  Ce qui nous plongea un court instant dans un abîme de perplexité mais l'optimisme aidant nous décidâmes à l'unanimité de faire confiance au compas! bien nous en prit car après 4 jours sans voir la terre, et une nav un peu compliquée, ce fût avec satisfaction que j'aperçus le phare de Porto Santo 17.20 miles face à l'étrave du bateau lundi 26 à 5h30 du matin, alors que le reste de l'équipage dormait confiant! Après tout, elle est pas bien grande cette île, à peu près 10 km de long, et comme dit Christian, “ça peut se rater une île”!  Effectivement, une erreur de cap de 2 ou 3 degrés et on peut la chercher longtemps l'île tant espérée! A 6h30, nous avions parcourus 500 NM, il en reste 17.

Après cette 1ère longue navigation sans voir la terre, nous avons apprécié le calme et l'accueil de Porto Santo, petite île de 12 000 habitants faisant partie de l'archipel de Madère. Christophe Colomb y fit escale + de 5 siècles avant nous mais elle a gardé un petit côté intime, hors des circuits touristiques, ce qui en fait son charme. Ave Isa, nous avons effectué une rando sur les hauteurs de l'île, entre côte au vent et sous le vent, qui nous a révélé de très beaux panoramas de la côte, de ses crêtes et de ses belles forêts de pins, vers l'altitude de 400 m. Seul point noir, l'île était enveloppée d'un nuage persistant chargé d'humidité, mais nous avons refusé l'offre, de sympatiques d'habitants nous offrant de nous véhiculer, pour terminer notre rando... à pied!