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Aotearoa, en route vers les mers du sud
18 janvier 2016

Escale au Maroc, de Gran Tarajal à Dakhla

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 Jeudi 14 janvier, 13h40, nous quittons Gran Tarajal avec une petite brise de nord de 5 nds. Nous attendions ce moment avec impatience et hissons le spi, seule voile apte à nous déhaler avec si peu de vent. Heureusement, le vent forcit légèrement à 8 nds, ce qui nous permet d'avancer à 4 nds, pas mal du tout. A 15h, nous sommes vent arrière et nous tangonons le spi asymétrique. Puis nous avons la visite d'une bande de dauphins particulièrement joueurs, auteurs de sauts très spectaculaires d'environ 3 mètres de haut, un régal !

IMGP0013 (1)La nuit, le vent oscille entre 12 et 18 noeuds et le spi nous tracte à bonne vitesse entre 7 et 8,5 nds. Le sillage bouillonnant du bateau est éclairé par le plancton phosphorescent et cela ajoute à la magie et à l'impression de vitesse toujours plus fort de nuit. De temps en temps le spi « ferme » sur bâbord et le bruit de la toile froissée claquant dans la rafale, fait jaillir mes 2 équipiers de leur couchette pour participer à la manoeuvre, puis tout rentre dans l'ordre, la bateau reprend sa marche en avant et eux le cours de leur nuit et de leurs rêves. Le croissant de lune éclaire faiblement le plan d'eau et le fait d'avancer dans l'obscurité quasi totale impressionne, et à défaut de voir, fait travailler l'imagination de l'homme de quart qui interprète à sa façon les bruits alentour et croit entendre ou deviner la présence d'une baleine ou de dauphins autour du bateau.

IMGP0036 (1)Nous naviguons au large du Sahara occidental, vaste et mystérieux territoire, et venons de passer cap Jubi, étape des pionniers de l'aéropostale rendue célèbre par les récits de Mermoz et St Exupéry relatant leurs aventures dans ces régions non encore pacifiées à l'époque de leurs exploits. Une importante flottille de navires remonte vers le nord et nous apercevons de temps en temps leurs lumières au loin sur bâbord, au large des côtes africaines.

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Vendredi 15, la fine couche de nuages se dissipe dès le matin et une belle journée s'annonce avec les mêmes conditions que la veille, vent arrière et faible houle. Sous spi nous avançons à 8 nds de moyenne toute la journée. Au coucher du soleil, nous sentons 3 touches au bout de nos lignes mais pas de prises pour le dîner, par contre un poisson affamé part avec notre gros poulpe, il est temps de monter des bas de ligne en acier si on ne veut pas se faire arracher tous nos appâts.

Après le dîner préparé par Christian, Hervé prend le 1er quart puis je le relaie à minuit.

Le vent ayant un peu forci autour de 25 nds, nous autorisant une pointe à 12,1 nds, nous décidons d'affaler le spi et nous préparons à la manoeuvre avec Christian qui passait par là. Ce qui devait n'être qu'une formalité dura 1 bonne heure car la « chaussette », censée étouffer le spi une fois les écoutes larguées a refusé obstinément de descendre. La suite ne fût qu'une suite d'aller retour sur le pont, de diverses tentatives d'amener à nous le spi gonflé par un vent de 25 nds. On dût se résoudre à couper 3 bouts coincés dans des taquets et pour finir mettre la voile à l'eau pour pouvoir la monter à bord ! Ce fût un soulagement général car dans l'action, on finit par se demander si on y arriverait jamais, et le petit accroc de 30 cm aperçu en la rangeant dans son sac ne ternit pas notre joie d'en avoir terminé. Après une bataille comme ça, l'essentiel est que tout le monde s'en tire sans blessure car ça a été bien mouvementé et le spi a bien fait gîter le voilier. Du jamais vu pour nous à ce jour !

IMGP0016 (1)Tout à nos préoccupations, on ne s'aperçut pas que sans aucune voile, le bateau avançait quand même à 4 noeuds ! Puis nous sortîmes le génois qui nous propulsa à plus de 7 nds le reste de la nuit.

Vers 9 Hervé me réveille pour hisser la G V, puis je propose à mes équipiers de faire escale à Dakhla, dans le Sahara occidental, à la frontière de la Mauritanie et à 150 mile au nord du célèbre banc d'Arguin. Passer si près de ce lieu qui m'attire tant depuis mes lectures sur l'aéropostale et ses héros, est presque impossible pour moi. Les noms de «Rio de Oro » et « Villa Cisneros » évoquent trop d'aventures dont je me suis nourri, le problème est que pour mes camarades, cela n'évoque rien du tout... Va falloir la jouer fin, mais finalement après s'être mis au cap tant souhaité, cela semble devenir évident d'aller voir ce mystérieux bout d'Afrique, très peu visité, important port de pêche situé entre Sahara et océan. J'emporte la décision en leur soumettant 1 article de Bateau magazine relatant les aventures d'une famille avec enfants ayant visité Dakhla à bord du RM Penn Gwen en 2011, le même qu'Aotearoa.IMGP0026

IMGP0018 (1)A 19 H, nous fonçons sur la péninsule du Rio de Oro dans l'obscurité, avec des pointes à 10 nds. Des bateaux de pêche peu éclairés et sans AIS nous obligent à redoubler d'attention, on branche le radar pour « y voir + clair ». Plus on s'approche, plus ils sont nombreux, ils prennent le chenal d'entrée en file indienne et on n'ose pas se mêler à eux car ils vont beaucoup plus vite. Après quelques errements un peu stressants car la signalisation en place n'est pas conforme à celle de notre cartographie, nous embouquons le chenal et entrons dans le port vers 22H. Celui ci étant encombré de bateaux de pêche, nous décidons de mouiller de l'autre côté du chenal puis nous savourons un bon plat de pâtes avant de nous effondrer dans nos couchettes.

IMGP0023 (1)17 janvier, vers 11 H nous accostons à couple d'un catamaran, à la demande de la capitainerie et 5 officiels débarquent à bord et s'attablent dans le carré pour remplir leurs précieux formulaires ou pour certains, griffonner quelques infos sur du papier libre! Ils nous posent quantité de questions dans une ambiance très cordiale puis s'en retournent avec nos passeports et les papiers du bateau. Nous n'en avons pas tout à fait fini car je dois aller aux douanes avec 1 officier et pendant ce temps mes
équipiers ont encore une autre visite. Une fois les formalités accomplies, vers 14 H, nous fonçons vers Dakhla en taxi car nous avons hâte de découvrir cette ville si attirante. Nous sommes très vite séduits par la gentillesse de ses habitants, ainsi que par la cuisine locale, et nous nous régalons dans une petite échoppe près du marché, faut dire qu'il est 15 H et que nous avions un sérieux petit creux ! Puis nous nous promenons dans le quartier de « la côte », buvons le thé marocain et goûtons aux délicieuses pâtisseries orientales, un régal ! La journée s'achève par un petit tour au centre artisanal et au marché de nuit, puis nous nous attablons pour goûter à une excellente spécialité locale, la viande de chameau grillée. Quelle superbe journée, vivement demain !

18 janvier, l'équipage est avide de découvrir de nouvelles facettes de Dakhla ( se prononce Darhla). Dès 10h, nous hélons un "petit taxi", direction la côte où nous gagnons l'hôtel Bab el Bahar, pour un faire 1 Haman. Ne croyez pas que l'équipage a des goûts de luxe, il ne s'est tout simplement pas lavé depuis les Canaries et il a bien besoin d'un bon décrassage, voire d'un gommage, prodigué par une charmante demoiselle, pour 1 de ces membres dont je tairai le nom!
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De nouveau présentables, une fois lavés , rasés et changés, nous savourons un excellent thé à la menthe sur la terrasse dominant la lagune, puis nous nous dirigeons vers le marché pour acheter des fruits secs: dates, figues, amendes, des galettes de pain marocain et déguster 1 tajine. 

 

L'extrême gentillesse des habitants de Dakhla se manifeste en plusieurs occasions et en fait l'attrait essentiel de cette escale saharienne. La ville est assez récente et sans charme particulier, car à l'époque du Sahara occidental et du conflit qui s'y est déroulé, Dakhla n'existait pas et il n'y avait que des campements ici nous a t'on dit. J'ai l'impression que les habitants connaissent peu le passé de leur ville et le nom de Villa Cisneros n'évoque au mieux que de vagues souvenirs, mais je ne l'ai pas inventé, les pionniers de la fameuse aéropostale se sont bien posés ici, sur la péninsule du Rio de Oro, mentionné sur toutes les vielles cartes d'Afrique de l'ouest et sur Maxsea, notre logiciel de navigation pourtant récent!

 

Il en est de même pour l'appartenance de cette région au royaume du Maroc depuis la fin du conflit en 1991, les cartes, même les plus récentes, mentionnent toujours le Sahara occidental, mystère de la géopolitique! Par contre, une telle interprétation des frontières est interdite par les autorités marocaines, ici, on est bien au Maroc!

 

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Aotearoa, en route vers les mers du sud
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Présentation du voilier
La cuisine à bord, facile!
 
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