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Aotearoa, en route vers les mers du sud
6 mai 2016

Dernière croisière de la seconde étape, de Saint Martin à St François

Dès que Didier arrive, on met donc le cap au sud vers la Guadeloupe puis le 5 mai je rentre en France jusqu'au 27 juin. Ensuite, ce sera de nouveau cap au sud, cette fois vers la Dominique, la Martinique, Sainte Lucie et les Grenadines , puis Trinidad et Tobago et les îles Vénézuéliennes pour se mettre à l'abri des cyclones qui peuvent commencer à sévir à partir du mois de juillet, jusqu'en novembre.

En haut, Jérôme, mon copain breton... en bas, Didier mon nouvel équipier


Dimanche 17 avril, nous avons assisté à un concert de reggae avec mon nouveau pote Jérôme et des résidents avec qui nous avons sympathisé jusqu'à 6 h du mat; le réveil est un peu "délicat" mais une excellente surprise m'attend: Tom, avec qui nous avons discuté hier soir, s'est décidé, il arrive jeudi 28. C'est super car il va se retrouver à bord avec Didier avec qui nous avons déjà passé des vacances en Guadeloupe il y a 7 ou 8 ans, donc l'équipage se connaît et s'entend parfaitement. Je suis vraiment content qu'il vienne partager cette aventure avec moi, comme il l'a déjà fait au Sahara lorsqu'il était petit et plus récemment en Norvège, pour faire du ski de rando. De la graine de baroudeur mon Tom! D'autant que la Guadeloupe a été son 1er grand voyage, à l'âge de 6 mois...
Un retour aux sources et une nouvelle expérience l'attend!

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Jeudi 21, avec Jérôme, nous louons une voiture pour refaire un avitaillement complet de nos bateaux car il nous faut plusieurs packs d'eau minérales, des vivres frais, du sucré, des produits laitiers... beaucoup trop de choses pour nos petits bras. Dans l'après midi, j'en dispose pour aller chercher Tom à l'aéroport Juliana et après d'émouvantes retrouvailles, nous en profitons pour faire un tour à Philipsburg, la capitale de la partie hollandaise de l'île.

Tom, prêt à prendre la relève!


Le lendemain, nous décidons d'aller à Grand Case avec le bateau et le soir nous nous régalons de quelques spécialités locales et d'un sorbet coco faite artisanalement dans une sorte de baratte en bois, un délice. Puis le 23, c'est au tour de Didier de rejoindre le bord d'Aotearoa. En plus de nous apporter son humour et sa bonne humeur, il a plusieurs cordes à son arc et je lui confie d'autorité le poste de cuisinier car j'ai maintes fois apprécié ses talents et goûté ses recettes savoureuses, il n'a pas intérêt à se débiner.... Après un rapide inventaire, nous partons acheter quelques ingrédients indispensables à l'exercice de son art, de l'ail, des herbes de Provence et du pain.

Didier encore sous le coup du décalage horaire, une bonne douche et ça repart!

Au matin du 24 avril, nous nous mettons en route pour Saba distante d'une trentaine de miles. Le vent est présent mais nous l'aurons de face tout le parcours, donc nous tirons des bords, et prenons notre mal en patience en découvrant "notre île" émerger progressivement de la brume. Saba est une sorte de forteresse, un volcan de 900 m d'altitude, sans plages, défendu par des falaises impressionnantes. Austère au 1er abord, elle est couverte de forêts et possède des charmes cachés qu'il faut savoir découvrir, ses jolis villages aux maisons colorées, sa végétation, ses chemins de randonnée et ses fonds marins réputés dans toute la Caraïbe, un joyau. Vers 15h, nous prenons une bouée dans la réserve marine et après un plongeon dans ses eaux limpides nous tentons d'accoster avec notre zodiac mais le relief escarpé et la houle nous en empêchent. Le lendemain nous gagnons la pointe sud de l'île, seul "semblant de port" susceptible d'accueillir les rares voiliers de passage. Las, la houle vient du sud ouest et le mouillage est trop mouvementé pour abandonner Aotearoa quelques heures et partir visiter sa petite "capitale", " the Bottom". Un peu dépités, nous continuons notre route vers st Eustachus puis st Kitts et Nevis mais le moral remonte très vite à la perspective de tout ce qu'il nous reste à découvrir encore. Saba, nous le savions, n'est pas facile à aborder, il faut des conditions particulièrement calmes pour s'en approcher et y mouiller. La solution la plus sûre étant d'y venir en ferry ou en avion depuis st Martin, solution que j'avais privilégiée lorsque j'y étais venue avec 3 copains il y a plus de 20 ans, mais la piste étant très courte, l'atterrissage est très spectaculaire et seuls quelques pilotes sont capables de s'y poser.

Nous avons donc repris notre route vers le sud, à bonne vitesse mais contraints de tirer des bords et donc nous parcourons beaucoup plus de miles que prévu. Nous décidons de longer les îles qui sont sur notre route sans y faire escale car nous serions contraints d'y faire les formalités d'usage, la "clearance" et cela nous ferait perdre trop de temps. À part un mouillage "sauvage" et une petit bain à st Kitts, nous naviguons 24h sur 24 pendant 2 jours et demi afin de gagner au plus vite la Guadeloupe où nous comptons passer plus de temps.

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Notre croisière nous aura permis de bien souder l'équipage et d'initier les nouveaux venus aux rudiments des manœuvres d'un voilier, mais ils sont doués et intuitifs les bougres! Nous avons essayé de pêcher des bonites ou des coryphènes mais n'avons réussi qu'à remonter 6 voraces barracudas et 2 gros pagres à dents de chien que nous avons remis à l'eau car ils sont atteints de la redoutable cigüatera. Quel dommage, au moins 30 kg de poisson frais pêché pour rien! Heureusement que nous avons des vivres à bord et que notre chef Didier déborde d'imagination pour nous concocter de délicieux petits plats.
Dernière île sur notre route, Montserrat est célèbre pour son volcan qui a détruit la moitié sud de l'île en 1998. Cette partie est actuellement interdite d'accès à cause de l'activité volcanique qui persiste, même dans les fonds marins alentours.

Le 26 avril à 15h, nous touchons la Guadeloupe à Deshaies, superbe village logé au fond d'une baie bien abritée et tout le monde est sous le charme. Didier et moi connaissions déjà et Tom joue les reporters en mitraillant avec 1 certain talent les barques multicolores, les jolies maisons peintes et les nombreux pélicans qui y ont élu domicile. Le soir nous nous régalons d'un excellent poulet boucané accompagné de délicieuses frites maison au grill du stade.

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Le lendemain, sur une mer calme, nous gagnons la réserve Cousteau à Malendure et nous faisons une belle plongée en masque et tuba autour du bateau. Puis nous mettons le cap sur les Saintes mais au bout d'une heure de navigation, le vent monte à 30 noeuds, une vilaine houle nous fait face et nous sommes contraints de nous abriter à Basseterre car il est trop tard pour arriver à destination avant la nuit. Après une visite de la ville, nous mouillons à l'abri relatif de l'anse Dupuy où la nuit sera très mouvementée, au point qu'au matin notre chaîne soit entortillée avec un casier de pêcheur, qui nous semblait pourtant la veille à distance respectable.

Dès 6h30, après nous être dégagé de l'importun, nous mettons le cap sur les Saintes avec une grande voile réduite à 2 ris et la trinquette à l'avant, en prévision du vent qui soufflera fort dès que nous serons dans le canal des Saintes. Voiles bordées à fond, le bateau gîte mais file à plus de 6 noeuds et à 9 h 30 nous mouillons dans la baie devant Terre de Haut. Pendant la traversée, nous n'avons pas croisé le moindre voilier mais d'innombrables casiers de pêche et ce qui devait arriver arriva, nos 2 lignes de traîne se sont accrochées à l'un d'eux et se sont cassées net! Sale semaine pour la pêche et grosse frustration pour nous! Mais, énorme coup de chance, nous apercevons au loin des baleines à bosse qui sont en train de faire des sauts spectaculaires, quel spectacle rare et incroyable!

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Heureusement, la baie de Terre de Haut, une des plus belles du monde, nous laisse sous le charme et après la traditionnelle baignade, nous partons vite à terre découvrir les trésors que recèle ce petit archipel mythique. Là aussi, le charme des lieux opère et tout le monde se félicite de cette (trop) courte escale, car dès 16 h, nous mettons le cap sur Marie Galante.

LesSaintes

Là encore, l'éternel vent d'est nous fait face et nous oblige à louvoyer sur un plan d'eau bien agitté.
Nous l'atteindrons de nuit à 20h40 et nous mouillons devant st Louis dans une eau calme où nous passerons une excellente nuit. Au petit matin, nous filons en vitesse pour gagner l'anse Canot, une des plus belles baies de l'archipel guadeloupéen, distante de quelques miles. Seuls 4 voiliers sont là, l'eau est transparente et la plage est bordée d'arbres qui offrent un couvert appréciable, quel plaisir de se baigner dans ce superbe décor.

Anse Canot, MarieGalante


Nous en profiterons jusqu'à 15 h, puis nous quittons à regret cette île très attachante pour gagner st François, dernière étape de notre périple. Le vent nous est enfin favorable et, toutes voiles dehors, nous avançons à plus de 7 noeuds. 1 heure avant d'arriver à destination, nous remarquons une grosse activité sur l'eau, des oiseaux tournoient et plongent dans l'eau et des petits thons sautent à la poursuite de proies plus petites. C'est peut être notre chance, nous passons sur le banc mais pas une touche, quelle poisse, la malédiction est sur nous et je me demande si nous n'avons pas un chat noir à bord... Chat noir, ce n'est qu'une suspicion, mais par contre Tom a vu et bien vu à bord la hantise des navigateurs, un gros cafard, le 1er depuis les Canaries, et avant qu'il ne s'échappe, je réussis à l'intercepter et à le mettre à l'eau. J'espère qu'il n'y a pas une colonie à bord, en tous cas, la guerre est déclarée avec cette espèce qui peut vite devenir envahissante et se révèle particulièrement résistante à tous les poisons destinés à les anéantir.
Nous arrivons à St François juste avant la nuit, et nous nous faufilons avec prudence dans la délicate "passe champagne" bordée de redoutables coraux à fleur d'eau. Nous sommes accueillis par nos amis Gilles et Patrick qui nous aident à nous amarrer. La croisière est terminée, nous voici de retour à la civilisation, avec son lot de sollicitations festives et ce soir nous allons céder à la facilité et le rhum va couler à flot, jusqu'à ce que la fatigue nous incite à regagner sagement notre couchette. C'est le dernière soirée de Didier parmi nous et il fallait bien fêter l'évènement dignement! Le pauvre a le cœur gros de devoir quitter le bord après cette petite semaine mais il est bien décidé à revenir avec Fadila avant la fin de l'année. image
Avec Tom, nous commençons à préparer le bateau pour sa période "d'hivernage" de 2 mois et prenons un peu de temps pour visiter st Anne et sa jolie plage très animée. Pour sa dernière soirée, nous décidons d'aller goûter les langoustes dans notre resto préféré "les pieds dans l'eau", et nous nous régalons, elles sont vraiment délicieuses.
Le lendemain il s'envole pour la métropole et je poursuis la préparation du bateau dont je confierai la surveillance à Gilles, mon copain de Bidart, et Patrick, dit "Pocky", champion olympique de fleuret à Moscou, qui habite sur son bateau. Aotearoa sera entre de bonnes mains!

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Avant de nous quitter, je tiens à remercier mes 2 équipiers qui se sont impliqué à fond dans toutes les manœuvres et les réglages du régulateur d'allure; mais leur aide ne s'est pas limitée à ça, Didier a tenu la cuisine comme un chef malgré des conditions de mer parfois agittées, il nous a confectionné des ti'punchs d'enfer et à formé un duo efficace avec Tom pour les mouillages, qui lui même a également pris en main la navigation sur notre logiciel "Max Sea" qu'il maîtrise parfaitement.


Voilà, la seconde partie du voyage s'achève et reprendra le 27 juin lors de mon retour à saint François. J'espère que nous aurons l'occasion de nous voir lors de mon petit séjour au pays et je vous remercie d'avoir suivi nos aventures. Vous êtes une centaine de passionnés à vous être connecté sur le blog, il y a eu 2000 connections et 6000 pages lues, un bilan encourageant et nous tâcherons d'être à la hauteur pour la suite de nos navigations dans les Caraïbes.

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Aotearoa, en route vers les mers du sud
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Présentation du voilier
La cuisine à bord, facile!
 
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