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Aotearoa, en route vers les mers du sud
12 avril 2018

Traversée de Colombie en Guadeloupe contre vents et courants

 

Après 1 rapide aller-retour en métropole, me voici de retour en Colombie le 14 novembre.
De suite, je me consacre à la préparation du bateau pour affronter la navigation de 900 milles qui nous attend, avec Alain, mon nouvel équipier qui arrive le 18 novembre. Je précise que 900 milles est la distance GPS, donc à vol d'oiseau, nous en parcourons beaucoup plus, de l'ordre de 1600 !
La fenêtre météo est bonne car la saison cyclonique vient de se terminer et l'alizé ne devrait pas
être encore trop établi pour contrarier notre progression, du moins l'espérons nous ! Car il souffle
d'est en ouest et notre cap est plein est.

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Le moral est bon, le bateau est prêt et une fois les formalités accomplies, le 20 novembre à 18h40 nous quittons la marina de Cartagena contrairement à nos voisins qui attendent sagement le lendemain matin pour mettre les cap sur les A B C ( Aruba, Bonaire, Curaçao ). Il nous faudra attendre 21H pour hisser les voiles et notre cap oscille entre le 300 et le 330. Vers 5h30, nous virons de bord et pouvons prendre un cap direct sur Pointe à Pitre, au 76, que nous garderons jusqu'à 13h30, ce qui est assez inespéré. Mais « ça ne va pas durer », comme le disait Jean Pierre Démoral,
le grand savant français inventeur de la démoralisation, maître spirituel de Pierre Desproges ! Suivent des alternances de périodes avec ou sans vent et un cap qui varie du plein est au plein nord. On tire donc de nombreux bords et on est pas mal secoués. Aotearoa subit les vagues et s'écrase dans les creux avec des chocs assourdissants, ce que je ressens péniblement au plus profond de moi. On ajuste alors le cap de quelques degrés pour essayer de ménager le bateau mais c'est plus psychologique qu'efficace !
Peu de bateaux se lancent dans ce trajet car il fait souffrir les bateaux et les hommes, le près étant l'allure la plus ingrate et on est contraint de tirer ce qu'on appelle des « bords carrés », qui sont souvent à 90° de notre objectif ; on fait donc beaucoup plus de route et cela nécessite beaucoup plus de temps. Mais on s'y attendait, alors on fait le dos rond, ce qui ne nous empêche pas de râler un peu de temps en temps.....

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Initialement, nous espérions pouvoir tenir un cap nord-est sur Puerto Rico, mais plus on progresse, plus notre cap est nord, et les vents et courants nous font dériver vers Haïti, le moral en prend un petit coup, mais on ne lâchera rien et on y arrivera ! Le 23 novembre à 5h du matin, nous n'en sommes plus qu à 214 milles.
Le 24 novembre à 14h, nous avons la chance d'avoir la visite d'un grand groupe de dauphins et je mets ma « Go Pro » à l'eau pour immortaliser cette belle rencontre.

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Il nous faudra attendre le 25 vers 15h pour arriver enfin au large d'Haïti et profiter de son abri relatif pour mettre le cap plein est au moteur, cela va s'en dire. Nous avons un fort courant dans le nez et nous avançons péniblement à 2,6 nœuds. Il nous faudra patienter jusqu'au lendemain matin 9 h pour enfin passer le cap Beata et nous permettre de nous dégager de ces pénibles conditions en prenant un peu de nord. Le 27 à 15h, nous passons au large de Santo Domingo, la capitale, au moteur, et le 28 à 15h, nous jetons l'ancre devant Bayahibe où nous avons décidé de faire une petite halte clandestine pour nous reposer et mettre un peu d'ordre dans le bateau.
Le mouillage est calme et j'aime bien ce modeste village ou il existe encore une vie locale, en dépit du développement touristique. Nous mettons donc pied à terre pour refaire le plein de fruits et légumes, nous en profitons pour nous dégourdir les jambes et déguster un excellent poissons grillé

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dans un petit resto fréquenté par les gens du crû . Nous apprécions pleinement ce bon moment après 8 jours d'une navigation assez inconfortable.
Le lendemain matin, après une bonne et longue nuit de sommeil récupérateur, on nettoie le bateau, on remet de l'ordre et on s'apprête à se prendre une douche et à quitter les lieux sans tarder quand Alain aperçoit 2 militaires approcher sur une barque réquisitionnée à un pêcheur, la grosse tuile, ils nous ont repéré et on va passer un mauvais moment ! Evidemment ils nous demandent la clearance d'entrée dans le pays et comme nous ne l'avons pas faite, on leur explique que nous nous sommes arrêtés pour nous reposer après 8 jours de navigation pénible, que nous ne sommes pas descendus à terre et que nous sommes sur le point de partir, donc que nous n'avons pas à faire les formalités d'entrée. Leur point de vue est diamétralement opposé au nôtre et ils nous accusent d'être dans l'illégalité, nous menacent d'une forte amende et nous intiment l'ordre de nous rendre dans une marina pour satisfaire aux formalités légales . Nous campons sur nos positions car nous n'avons pas l'intention de payer 200 dollars pour un si bref séjour. Pour nous impressionner ils téléphonent à leur supérieur mais nous restons fermes. Devant notre attitude , ils finissent par changer de ton, nous demandent 3 bières et un petit billet..... Ca commence à s'éclaircir pour nous, Alain trouve un billet de 10 $ et ils repartent penauds avec leur maigre trophée. Ouf, on l'a échappé belle et dès qu'ils ont quitté le bord, on lève l'ancre et on file sans demander notre reste, car il est des histoires
de ce type qui se sont beaucoup plus mal terminées en Rep Dom.
Nous prenons la direction de la superbe île de Saona aux mouillages paradisiaques mais la marina de guera ayant un navire dans les parages, on va se contenter de les admirer de loin....

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Notre attention se porte maintenant sur le canal de la Mona à la triste réputation. En effet, sa très grande profondeur (plus de 7000 mètres), engendre des vagues qui déferlent avec force lorsque les fonds remontent brutalement à la pointe est de la République Dominicaine. Heureusement la mer est assez calme et nous ne serons pas trop secoués par les éléments.
Par contre, en pleine nuit, alors que je suis de quart, je vois un bateau face à nous qui nous arrive droit dessus et ne modifie pas sa trajectoire d'un iota. On est en route de collision mais cela ne semble pas les perturber le moins du monde, pourtant notre AIS est en émission et ils nous ont forcément repéré.Il se rapproche inexorablement à 13 nœuds de vitesse et ne sachant trop que faire, lorsqu'il n'est plus qu'à 2 milles, je le contacte à la VHF. On me répond de suite de façon laconique « green to green » et je mets un moment à comprendre qu'ils m'ont repéré, qu'ils changent imperceptiblement de cap et qu'ils alignent leur feu vert sur le mien, signe qu'ils vont me passer légèrement sur tribord, mais à moins de 200 mètres. Il s'agit d'un bateau de croisière, le MSC Fantasia qui ne mesure pas moins de 333 mètres de long, mais qui ne s'est pas montré très fairplay, c'est le moins qu'on puisse dire et c'est très impressionnant de voir passer un tel monstre si près de nous en pleine nuit ! D'autres bateaux croisés modifient leur cap beaucoup plus tôt et nous évitent ces moments d'angoisse interminables.
Petit à petit, la Guadeloupe se rapproche et à 4 h, elle n'est plus qu'à 399 milles.

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A 22h, nous arrivons en vue de Puerto Rico qui n'est plus distant que de 20 milles.
Vendredi 1er décembre, on longe la côte sud de cette belle île américaine, souvent au moteur car le vent est tombé.
Le 2, le vent s'établit à nouveau, nous hissons les voiles et mettons le cap sur la Guadeloupe, ce n'est pas trop tôt ! A 1 h du matin, il nous reste 230 milles, ça commence à sentir l'écurie !
Nous passons successivement au large des îles de Saint Croix puis Saint Kitts et Nevis.
Le vent se maintient jusqu'au 4 puis faiblit et n'arrête pas de tourner. A 13h30, il ne nous reste plus que 29 NM à parcourir, au moteur, et nous apercevons pour la 1ère fois « Gwada ».
Le 4 décembre, à 21 heures, nous arrivons dans la baie de Malendure. Nous comptions sur la luminosité de la lune mais elle est cachée par un énorme nuage et nous parvenons quand même à jeter l'ancre à distance des bateaux qui occupent la baie. Notre longue navigation est terminée et nous sommes soulagés et satisfaits car nous n'avons eu aucun souci à déplorer. Par contre le comité d'accueil est un peu musclé et Aotearoa est secoué par des rafales à 30 nœuds, décidément ce mouillage est souvent inconfortable, mais ça ne nous perturbe pas, on a fait le job et cela ne empêche pas de dormir !
Petit bilan chiffré, nous avons parcouru 1589 milles en 14 jours et 2 heures, escale comprise. Ce qui représente une moyenne de 5 nœuds de moyenne, pas mal compte tenu des conditions.
Dès le lendemain, nous mettons le cap sur la marina Rivière Sens pour retrouver mes amis Stéphane et Amélie que je n'ai pas revus depuis le mois de mars dernier.

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Les retrouvailles sont bien chaleureuses et nous avons plein d'aventures à nous raconter. Nous passons 2 jours en leur compagnie et nous partons du 8 au 11 faire un petit tour aux Saintes et à Marie Galante. Nous revenons le 11 à marina Sens avec un petit thon de 3,5 kg pêché sur le banc de Colombie et que nous partagerons avec nos amis.

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Le 13, nous partons faire une petite ballade en forêt avec Steph, Amélie et les enfants et nous nous baignons dans les eaux fraîches d'un torrent.

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Le reste du temps en consacré à préparer le bateau qui va rester 3 mois seul à la marina sous la surveillance de Stéphane.
Après une dernière soirée avec nos amis, Stéphane nous amène à l'aéroport le jeudi 14 décembre pour une traversée express de l'Atlantique.

 

 

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