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Aotearoa, en route vers les mers du sud
5 novembre 2015

De Madère aux Canaries: Notre dernière grande nav de 2015!

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Lundi 2 octobre, l'inconnu, auquel nous ne pouvons résister, nous appelle et à 11h nous mettons le cap vers “las ilhas desertas”, chapelet de 4 îles inhabitées, classées réserve naturelle au sud est de Madère. Après un brillant exercice de récupération d'homme à la mer, l'équipage hissa les voiles pour une navigation tranquille vers le seul mouillage de l'ilha Grande! A moment donné, Christian croit distinguer une forme dans le sillage du bateau, nous nous approchons et nous avons la surprise de voir pour la 1ère fois une bande de globicéphales noirs, gros mammifères marins très sociables comme les dauphins, pouvant peser 2 tonnes et mesurer 6 m; ils ressemblent un peu à des minis cachalots en fait!  Peu après, nous atteignirent notre île déserte et nous la longèrent à faible distance, admirant les couleurs du soleil couchant sur ses hautes falaises de 400 mètres  plongeant à pic dans l'océan. Les fonds, qui atteignent des profondeurs de 4700 m à peu de distance, font de ces modestes îles de 400 m d'altitude, des géants de + de 5000 m posés sur le fonds de l'océan.

image Une multitude d'oiseaux de mer peuplent la réserve et la pêche a été bonne car nous en avons attrapés 3, dont un, particulièrement de “mauvaise plume”, m'a mordu l'orteil jusqu'au sang, sale bête! Puis, nous hissèrent à nouveau les voiles pour mettre le cap sur notre prochaine destination, la Palma, l'île la plus occidentale des Canaries , distante de 230 NM, soit 425 km (1 mille nautique étant égal à 1852 m).

 

 

L'intermède voile fût de courte durée, Eole nous ayant vite abandonné! On mit donc  les "watts" (le moteur)jusqu'à 4 heures du matin, heure à laquelle il daigna enfin se manifester mollement!

Vers 23 heures, nous croisâmes de très près un voilier sous spi dans la calmasse et nous supposâmes qu'il s'agissait de Jean Pierre Dick de la transat Jacques Vabre, venu réparer des avaries à Madère. Il éclairait ses voiles pour se signaler à nous afin d'éviter la collision, petit moment délicat! Quel autre voilier aurait pu être sous voile avec 3 noeuds de vent?  Au sujet de cette course, nous avons appris que 15 concurrents sur 42 ont abandonné, quelle hécatombe! Heureusement que nous avons tout loisir de gérer notre descente en nous abritant dans les ports lorsque le mauvais temps est annoncé! Nous avons rencontré à Funchal l'équipage d'un voilier amateur, comme nous, qui a démâté avec des vents de 70 noeuds, sacré tempête! Aotearoa préfère se faufiler entre les coups de vent qu'affronter l'océan démonté, car il est toujours le plus fort!

Mardi 3 octobre, 5 heures du matin, incroyable, nous sommes à 60 milles de  Madère et l'île est toujours visible dans le sillage du bateau! Faut dire que les habitations sont toujours  très  denses jusqu'à une altitude de 800 m environ. En fait nous avons parcouru 80 nm, le crochet par les ilhas desertas et le louvoyage ont rallongé notre route. Il nous reste encore 177 nm jusqu'à La Palma où nous devrions arriver demain soir.

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Cette nuit, la nuit inspire, la nuit est claire, la nuit éclaire notre route vers le sud, vers ces latitudes qui nous aspirent! Chaque mille nous éloigne de notre port d'attache lové au fond du golfe de Gascogne et nous amène vers l'inconnu qui a souvent peuplé nos rêves; le bateau glisse sans heurts sur la masse liquide de l'océan et nous apporte  un sentiment de bien être, de sérénité;  la lune joue à cache cache avec la grand voile, les étoiles filantes éclairent la nuit de leur course rectiligne, la grande ourse s'éloigne dans le sillage et bientôt la croix  du sud se présentera devant l'étrave, grand moment en perspective car alors, "la frontière" sera atteinte, les mers du sud seront devant nous... Il nous faudra atteindre la lattitude de Tamanrasset, fière citadelle du Hoggar, sur le tropique du cancer, pour l'apercevoir enfin, simple affaire de quelques semaines car rien ne presse, nous avons tout le temps...Le Hoggar, autre lieu mythique qui m'est cher, qui recèlerai en son sein la mystérieuse Atlantide, superbe roman de Pierre Benoit. Bon enfin, tout cela nous éloigne du sujet, mais malgré cet instant d'égarement, Aotearoa file droit vers la Palma, notre prochaine escale.

Mercredi 4 et jeudi 5 octobre, nous approchons des Canaries. La journée du 4 a été superbe, grand soleil, petite houle et un peu de vent nous ont permis de naviguer à 5 nds et de prendre un peu de temps pour nous: lecture, musique, sieste et pêche (infructueuse), ainsi qu'un petit penchant pour la boisson pour certains, que je ne nommerai pas, ont été le lot de l'équipage. La nuit a encore été zébrée d'étoiles filantes et les dauphins ont fait un petit bout de chemin avec nous.

 imageLa journée du 5 a démarré dans un calme plat  et un superbe lever de soleil, perturbé par le ronronnement du moteur, mais elle nous a réservé de belles surprises. Tout d'abord vers 11h, une 2 ème dorade coryphène de 4,5 kg a mordu à notre fantastique rapala jaune, notre champion incontesté toutes catégories, puis une grosse tortue marine a croisé notre route et enfin une petite bonite est venue remplir notre garde manger.

 

 

 

imageAussitôt pêchée, aussitôt mangée, à midi, un filet de la coryphène était débitée en lamelles dans nos assiettes par Christian pour un délicieux carpaccio et à midi 30, Isa nous concoctait du poisson cru à la tahitienne avec des carottes râpées, de la tomate, de l'oignon et un succulent lait de coco. Pas feignant l'équipage, faut dire que hier il s'est relâché, alors qu'habituellement la discipline est impitoyable à bord! Il ne faut pas laisser une équipage oisif parait il, alors je les occupe, mais ils ne sont pas à plaindre, ils savent se rebiffer parfois, après 8 heures de manoeuvres et de nettoyage intense du bateau, lorsqu'ils doivent s'occuper du repas et de la vaisselle!

22h, nous avons la punta Cumplida à 2h, nous allons commencer à longer la côte de La Palma qui doit nous mener à Santa Cruz, distant de 22 milles au cap 230. Avant de déguster un excellent cari avec la coryfène,  nous venons de hisser enfin une voile, le geneaker de 80 m2, qui nous porte à 4 nds. La soirée est douce, la houle longue et agréable à chevaucher, une petite brise s'est enfin levée, bref un cocktail qui retient tout le monde dans le cockpit où Bob Marley nous tient compagnie, on se régale et personne ne semble décidé à aller se coucher, il est vaillant l'équipage! Faut dire que c'est notre dernière “nav” de nuit avant longtemps, alors chacun veut en profiter au maximum!

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La cuisine à bord, facile!
 
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